L’oeuvre de Latefa Wiersch est peuplée d’êtres hybrides animés-inanimés qui combinent des éléments humains et animaliers, des végétaux et des objets. Inspirées de la vie quotidienne et avec beaucoup d’humour, ces figures racontent des histoires sur les réalités sociales et identitaires des pays européens dans le contexte postcolonial actuel. Dans les espaces de la Ménagerie, Latefa Wiersch présente un ensemble d’oeuvres où elle tisse des récits d’après son histoire personnelle et ses recherches sur la mémoire collective afro-allemande, qui peuvent être lus comme représentatifs des réalités indicibles des migrants nord-africains en Europe. Parmi ces récits, elle donne corps à l’acteur tunisomarocain El Hedi Ben Salem qui a interprété le rôle d’Ali dans le film Tous les autres s’appelent Ali de Rainer Werner Fassbinder en 1974. À l’époque, le film est internationalement célébré comme une déclaration antiraciste. Depuis, le documentaire Jannat’Ali (Mon nom n’est pas Ali) réalisé en 2011 par Viola Shafik, a révélé la conception stéréotypée du protagoniste de Fassbinder et l’indifférence du réalisateur à l’égard de l’acteur. Dans cette perspective, la marionnette El Hedi, incarne l’écran de projection parfait et silencieux du rôle du travailleur migrant et de son destin qu’il partage avec de nombreuses personnes.

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