Michele Emmer, The Moebius Band, 1982, videostill

Michele Emmer

En vitrine cette semaine.

THE MOEBIUS BAND (1982, 27') de Michele Emmer

Michele Emmer, professeur au Département de mathématique de l’Université de la Sapienza de Rome et fils du cinéaste Luciano Emmer, a réalisé dans les années 1970-1980, un corpus de films qui explorent les liens entre mathématiques et art. Ces discours croisés d’artistes et de scientifiques de l’ère du proto-hightech devisent des fondamentaux mathématiques : les quatre dimensions, l’espace, les spirales, les hélices, la géométrie, l’infini. Destinés à « fournir des stimuli visuels capables d’exciter l’intérêt et l’imagination des personnes aux intérêts les plus divers », ces documentaires filmés de propagande mathématique consacrent l’avènement de l’ère de l’image au détriment du verbe. Revoir ces documentaires avec vingt-cinq ans de recul, alors que leur contenu scientifique est toujours valable et actuel (pas de révolution dans ce domaine), a transformé ces films. Malgré leur objectivité de rigueur, ceux-ci nous transportent dans une époque mythique : le positivisme sous-jacent de la démarche est charmant ; les mathématiciens sont des héros ; le ruban de Moebius devient une opération magique et la philosophie du «plaisir sérieux», utilisée par Charles Eames pour le concept de l’exposition Mathematica : A World of Numbers and Beyond  en 1961 ou son célèbre film Powers of Ten  de 1977, est toujours un leitmotiv des films d’Emmer et rajoute à ce retour au merveilleux. Ce qui intéresse ici n’est pas le flagrant délit de nostalgie vintage : il n’est pas la peine de rappeler que le passé est toujours plus brillant que notre présent. Mais comment des signes renouvellent leur sens et leur possible.

Michele Emmer a récemment publié Mathematics and culture IV, 2007, Springer, Berlin.