Mélodie Mousset

L’épluchée

Sun 27 Oct 2019 – Sun 02 Feb 2020

Entrée libre

MEDIATION
Visites flèche tous les samedis et dimanches à 16h
Curator tour mardi 21.01 à 19h
// Annulé // Curator tour mercredi 04.02 // Annulé //

AUTOUR DE L’EXPOSITION
samedi 26 octobre 13h-17h
Where Bodies Meet : Public and Virtual Spaces
samedi 1er février 13h-17h
Where Bodies Meet : Machinima
samedi 1er février 18h30
digital happening dans l’oeuvre de réalité virtuelle Hanahana

FERMETURE HIVERNALE
du 23 décembre au 3 janvier
réouverture de l’exposition samedi 4 janvier

Mélodie Mousset (*1981, Abu Dhabi, vit à Zurich) utilise son propre corps pour cartographier, indexer et narrer un « soi » qui semble en métamorphose permanente, lui échappant dès qu’elle cherche à en prendre possession. Elle s’intéresse aux processus d’individuation biologiques, techniques, culturels, individuels et collectifs qui forment le corps. Ces questions prennent forme dans des vidéos, sculptures, installations, performances ou de la réalité virtuelle. Elle s’approprie des technologies de visualisation médicales (IRM, impression 3D), les met en rapport avec des rites chamaniques et les combine avec un travail plastique.

Le film Intra Aura (2019, initié en 2012), est présenté pour la première fois. Il est accompagné d’éléments sculpturaux disposés dans l’espace d’exposition.

Pour échapper à la schizophrénie possiblement héréditaire de sa mère, l’artiste décide de s’emparer de technologies qui «désincarnent», les détourner de leur fonction première et ainsi se déconstruire elle-même, pour mieux se recréer ensuite. Elle réplique ses organes vitaux en 3D et entreprend un parcours initiatique. Elle expose d’abord cet intérieur à sa famille, avant de traverser l’Atlantique à bord d’un cargo. Arrivée au Mexique elle fait répliquer ses organes en cire, s’inscrivant tout autant dans l’histoire de la médecine que dans la tradition religieuse des ex-votos. Elle atteint ensuite les terres indigènes Mazatèques où elle rencontre des chamanes et «curanderos» qui tentent de la guérir de son mal inexplicable. Les rites et substances psychédéliques ne lui révélant rien, elle s’engouffre dans un réseau de caves souterraines, refuge des Mazatèques au temps des Conquistadores, et découvre des vestiges antiques, dont une marmite dans laquelle pousse goutte à goutte, une stalagmite. Face à cette trouvaille, image minérale-organique d’un corps naissant au coeur d’une caverne, son périple semble atteindre un niveau zéro. Elle allume ses organes-bougies. Le disque dur contenant la plupart de son matériel vidéo disparaît. Le devenir de cette boîte noire, recéptacle de son expérience, demeure inconnu, mettant plus encore en péril cette quête fragmentaire et aveugle.

Dans Intra Aura Mélodie Mousset dissèque le regard de l’observateur.rice : les pulsions scopiques humaines, le désir de vision absolue jusqu’au tréfonds des corps. Le montage du film lui-même - séquence d’images morcelées - s’apparente à une expérience schizoïde où les espaces temps se confondraient. C’est seulement peu à peu que les spectateur.rice.s peuvent tenter de rassembler les pièces de ce puzzle et percevoir la question universelle sous-jacente de cette recherche d’identité et d’origines.

HanaHana est une expérience en réalité virtuelle issue de sa découverte des technologies médicales. Centrée également sur de la construction corporelle, cette œuvre ittérative évolue et se transforme depuis 2016.Empruntant la forme du jeu interactif et collaboratif, elle constitue un environnement fantastique immersif. Chacun.e peut générer des formes et laisser des traces de son passage dans ce désert habité par des sculptures archaïques où fleurissent des mains humaines de toutes tailles et couleurs. Dans ce monde surréel les bras sont des extensions du corps des joueur.se.s qui peuvent se téléporter et multiplier leurs corps à l’extérieur d’eux même. Les bras, unités de construction, permettent de bâtir et laisser une empreinte dans ce vaste bac à sable collectif.

Cette expérience corporelle, dont elle enrichit et approfondit constamment les propriétés avec son équipe, est présentée ici en version multi-bloom – « à floraison multiple » – donc collective et connectée. L’espace d’exposition devient ainsi un espace partagé, à la frontière de l’intime et du public, virtuel tout autant que réel – les joueur.se.s à Paris pouvant rencontrer celles et ceux qui le jouent à d’autres endroits du monde : au Swissnex à San Francisco, au festival DOK à Leipzig et à The Wrong Biennale à Bucharest où l’œuvre est présentée en parallèle. La combinaison de la musique envoûtante du musicien américain Joe Williams avec l’audio interactif du maltais Christian Heinrich, générée en temps réel par les activités et gestes des joueur.se.s, est également une composante essentielle de cet environnement multi-sensoriel.

Ce jeu est aussi inspiré par Nico Robin, héroïne du manga japonais OnePiece qui, en mangeant Hana Hana no Mi – le fruit du diable –, a acquis le superpouvoir de la multiplication de son corps. Les motifs et phénomènes du monde onirique et absurde de HanaHana puisent donc tout autant dans une esthétique pop que dans un imaginaire archaïque, dans lequel les phénomènes naturels sont absorbés et transformés dans des récits mythologiques.

La pratique de Mélodie Mousset pourrait aussi s’inscrire dans un conflit situé dans un monde contemporain déroutant : une réalité numérique qui trace, enregistre et analyse tous les déplacements, consommations et désirs des individus créant des «citoyens transparents» – un environnement de surexposition auquel se heurtent les corps humains, opaques, vivants et difformes, remplis d’organes, porteurs d’une intériorité psychique avec des recoins riches d’imagination. Comme le dit l’écrivaine et vidéaste américaine Chris Kraus : «Mousset’s associative process is so rich. She fully believes in her own imagination and the logical or alogical digressions that shape an inner life.»

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