Simone Aughterlony
We need to talk / Carte blanche à l’Arsenic
L’Arsenic, créé en 1989 à Lausanne, accueille théâtre, danse, performance, musique et installations. Sandrine Kuster en est la directrice depuis 2003.
Un globe terrestre ocre, massif, trône sur le plateau, tel un ballon. Une femme nue passe et disparaît pour revenir habillée d’une tenue blanche évoquant celle des cosmonautes. Elle a un disque à la main, intitulé Sounds of the earth et contenant les sons, les chansons, les paroles envoyées en 1977 par la Nasa dans le système solaire à bord des navettes spatiales Voyager 1 et 2. Ce sera la bande-son du spectacle, une bande-son entrecoupée du monologue de Simone Aughterlony, qui mêle habilement anecdotes, notations biographiques (elle est elle aussi née en 1977), histoire de la danse (Le Sacre du printemps de Stravinsky est revisité par ses soins de manière subtile et prenante), histoire scientifique, idéologique (le disque comporte des sons de la nature, des bruits de voiture, mais pas de choses violentes comme les armes…). Sa performance, qui mêle avec bonheur paroles, musique et danse, met ainsi en perspective cette « capsule de temps » envoyée dans l’espace. Simone Aughterlony est tour à tour le cosmonaute qui joue de la pesanteur, la danseuse dans son studio, l’extra-terrestre découvrant une chanson mexicaine, la femme courant après le temps et elle-même, une femme priant sur un vieux blues. Avec humour, elle dresse une sorte d’autoportrait métaphysique et poétique où il est question pêle-mêle de la Terre, de l’âge, de la disparition, de l’éternité, et de l’altérité. Elle le fait avec un sens aigu de la scénographie. Le globe terrestre s’effondre soudain et devient toile de tente, havre où s’asseoir, piste de danse… Car Simone Aughterlony possède la capacité à partir d’un détail, d’un élément, de tirer à elle une multitude de questions, et la complexité du monde.
En partenariat avec Mouvement