Vidéos d'élèves de l'Écal
Stéphanie Moisdon & Nicolas Trembley
Une école d’art ne produit à priori ni des genres, ni des tendances, encore moins des artistes. Elle doit être considérée comme un lieu d’expansion et d’expérimentation de matériaux et de pratiques hétérogènes. Cette programmation des vidéos de l’Écal est le reflet direct de cette hétérogénéité et montre l’état, la complexité des outils et des vocabulaires disponibles pour la création contemporaine.
Cette sélection rend compte de la diversité des formes, des territoires et des subjectivités mais aussi de la spécificité de l’Écal, reconnue internationalement pour avoir créé un modèle de passage entre les catégories, un lien dynamique entre la communication visuelle, le design et les arts plastiques.
À travers différents registres (vidéo-clips, essais, animations, performances filmées…), on peut voir comment les jeunes artistes d’aujourd’hui tracent des pistes, s’inscrivent dans un paysage d’objets ready-made, jouent avec la limite, la machine, la discipline, comme autant de contraintes productives. Comment ils manipulent le langage du temps (montage) et de l’espace (collage) pour mieux en détourner les codes et les effets, comment ils se situent dans un espace de tensions, de divisions entre l’intériorité et l’extériorité, le geste domestique et le flux urbain, la production industrielle et manuelle, entre le high tech et le craft, comment enfin ils trafiquent les notions de tradition ou de nouveauté, de reproduction et de création.
Ils indiquent ainsi leur capacité à absorber les codes et les signes de la culture dominante, populaire et médiatique, à incorporer les éléments d’un réservoir de signes. Ces gestes de reprises et autres formes de réappropriations signalent par ailleurs un certain refus du spectaculaire, de la technicité et de la narration-cinéma, figure dépassée du bouclage et de la linéarité.