Johana Blanc et Simone Holliger
Carta
Ouvert du mercredi au samedi, de 14:00 à 19:00
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+33(0)4 78 28 66 63
Cycle de lectures autour de UN de Frederic Leidgens et Sophie Robin suite à une rencontre avec Johana Blanc autour de l’exposition CARTA à La BF15, jeudi 24 novembre, mercredi 7 décembre, jeudi 15 décembre à 19h en partenariat avec Célestins, Théâtre de Lyon
Le Centre culturel suisse s’associe à La BF15 autour de deux expositions : l’une peuplée des imposantes sculptures de Simone Holliger et l’autre, plus textuelle et performative, de Johana Blanc.
Johana Blanc investit la verrière par une résidence/exposition qui, sur la durée de l’événement, engage textes et paroles comme des matières plastiques et signifiantes, à la portée aussi discrète que subversive. Johana Blanc propose également une performance, un club de lecture et des ateliers d’écriture collective.
Simone Holliger habite quant à elle l’espace de son dessin et des formes sculpturales qui l’incarnent de façon monumentale. Individuellement et dans leur rencontre, le travail de ces deux artistes interroge, entre fragilité et robustesse, une incertaine condition d’existence.
Commissariat : Claire Hoffmann et Perrine Lacroix
Johana Blanc
Nos mots ne sont pas des mots d’amour mais nos mots pour parler d’amour sont une pratique de notre amour et c’est pour ça que j’enregistre mes amies quand elles parlent, parce que j’aime bien, quand elles parlent, mais je sais pas pourquoi notre amour doit se construire comme ça, par cet interminable travail d’amoncellement de mots, tous ces mots, qui préparent d’autres mots, qu’on se dira pas. Nos mots nous rassemblent autour d’un vide, et souvent je me demande : à parler comme ça, est-ce qu’on se retient de tomber, ou est-ce qu’on se pousse dedans ? J.B.
L’exposition de Johana Blanc prend pour point de départ un corpus de conversations informelles portant sur l’amour, enregistrées pendant plusieurs mois par l’artiste auprès de ses ami·es. Ces mots habitent l’espace, le modulent et le saturent, invitant le public à s’en saisir, à les activer, et bien sûr à leur répondre.
Johana Blanc présente la performance et installation J’aime bien quand tu parles, qui met en scène ces conversations et en interroge la valeur de rituel social. Tout au long de sa résidence/exposition à La BF15, l’artiste est présente dans l’espace pour déposer et recueillir des paroles, auprès du public et à travers diverses invitations. Elle s’intéresse tout particulièrement aux discours périphériques et à leurs potentiels révolutionnaires. Paroles chuchotées, lancées, balbutiées : on parle ici des mots du lien, du soin.
En collaboration avec l’artiste et scénographe Delphine Abrecht, un Protocole de rencontre est proposé au public, invité à rejouer l’une des conversations retranscrites par l’artiste.
L’exposition accueille aussi un club de lecture et des ateliers d’écriture collective à travers lesquels s’écrit un récit à la première personne du singulier qui porte une parole plurielle, dans une volonté de résistance à l’individualisation des discours féministes. Cet atelier s’inscrit dans le cadre du projet d’édition Ouais, grave mené par l’artiste en collaboration avec Leo Sciarrino.
éléments biographiques
Johana Blanc vit et travaille à Paris. Diplômée de la HEAD à Genève, elle dirige plusieurs projets de microédition tels que la revue Escalier ou les Éditions Cacahuète. À cette pratique se mêle un travail d’installation et de performance, qu’elle a pu montrer notamment à Genève au Centre d’Art Contemporain, à Hit ou encore au Forum Meyrin. Elle a également une pratique d’écriture, et publie à plusieurs reprises des textes, collaboratifs ou non (Wages For Wages Against, Woman Cave, Elvira, Show…)
Entre édition et installation, Johana Blanc développe une pratique autant personnelle que collective du texte, qu’elle aborde par l’écriture de fiction, l’entretien ou la performance. En abordant le texte comme une matière plastique et signifiante, elle cherche à dépasser les catégories théorie/fiction/art/témoignage, à déstructurer les pensées pour en déconstruire les schémas oppressifs. Abordant des sujets aussi divers que l’ambition artistique, l’amour ou la disparition, le travail de Johana Blanc se demande à qui on parle, et à qui on donne la parole, quand on utilise des mots dans la sphère publique et dans un contexte artistique en particulier.
Simone Holliger
Après m’être concentrée ces derniers mois sur des questions de recyclage et des possibles nouvelles matières à explorer, je ressens l’envie et la nécessité de revenir, pour La BF15, à la base de ma pratique. Je montre ici de nouvelles œuvres en papier, développées sur la base de deux sculptures d’Henri Laurens. Chacune est constituée de deux éléments qui se réunissent, se tiennent l’un à l’autre et soutiennent ainsi la sculpture. Elle deviennent un organisme, non clairement attribuable au monde humain, animal ou végétal. Elles ont l’air compactes, dures et stables, mais elles sont vides à l’intérieur, des sortes de housses ou maquettes géantes. Placées sur le sol de l’espace d’exposition sans socle ou support, elles forment un petit groupe, une famille, les membres d’une espèce. S.H.
Simone Holliger poursuit une pratique artistique dans les domaines de la sculpture et de l’installation animée tout particulièrement par un dialogue constant à l’égard des matériaux et formes dans l’espace.
Par l’utilisation du papier matière de construction flexible mais partiellement imprévisible, elle réinterprète et re-contextualise de manière ludique un vocabulaire formel inspiré entre autres de la sculpture moderne. En dépit de leur apparence première, les volumes, qui pour bon nombre d’entre eux restent proches du bas-relief, sont ainsi souvent décharnés. Sortes de grands coquillages creux, ils se présentent comme des moules de sculptures en devenir ou fragments de décor d’un spectacle terminé depuis longtemps. Il est alors aisé de comprendre que ce que l’on percevait d’abord comme du polystyrène ou du métal n’est autre qu’un collage.
Simone Holliger favorise ainsi une certaine gymnastique du regard, lequel serait toujours poussé à envisager le plein et le vide, le recto et le verso, le visible et le caché. L’artiste revendique une esthétique de la vulnérabilité, le médium devenant le vecteur d’un art à la fois minimal et organique, compact et friable, synthétique et précaire. De cette tension inhérente à son art, Simone Holliger fait naître des formes nourries de formes ancrées dans les problématiques contemporaines.
éléments biographiques
Née en 1986 à Aarau (CH), Simone Holliger vit et travaille à Bâle (CH). Simone Holliger poursuit une pratique artistique qui se situe dans les domaines de l’installation et de la sculpture et qui est animée tout particulièrement par un dialogue constant avec le matériel - le sondage de ses limites - et les idées. Par l’utilisation du papier qui représente un matériau de construction flexible mais partiellement imprévisible, elle réinterprète et re-contextualise de manière ludique un vocabulaire formel inspiré entre autres de la sculpture moderne.
Expositions personnelles (sélection) : Musée des beaux-arts La Chaux-de-Fonds (CH) (2022), Ferme de la Chapelle, Lancy (CH) (2021), o.T. Raum für aktuelle Kunst, Luzern (CH) (2020)
Expositions collectives (sélection): Kunstmuseum Solothurn (CH) (2021), Kunsthalle St.Gallen (CH) (2020), Swiss Art Awards, Bâle (2019)
Prix et résidences (sélection) : Atelier Berlin, Fonds d’art contemporain Genève (2020), Swiss Art Award (2019), Förderpreis Neue Aargauer Bank (2018)