Gina Folly invite les visiteu.rices.x à plonger dans une introspection sur la vie quotidienne à travers son exposition The Simple Life au Centre d’art contemporain - la synagogue de Delme. Exposition coproduite par le CCS dans le cadre de son étape à Metz. 

À travers les œuvres de Folly, l’exposition s’attache à dépeindre les conditions d’existence humaines, en sondant les organisations sociales contemporaines et les constructions intimes et publiques de la vie des individus. La pratique artistique de Folly, sans médium privilégié, se concentre sur des questions essentielles telles que le logement, l’alimentation, la vie de couple, et le bien-être personnel. Les œuvres exposées révèlent les pressions sociales et les injonctions subtiles qui façonnent notre quotidien, offrant une réflexion sur la manipulation, la séduction, et l’influence de la publicité, de la législation, de la religion et de la morale.

Le langage esthétique de Folly est volontairement simple, clair et minimaliste, utilisant des matériaux courants et accessibles pour refléter l’économie mondialisée et la vitesse de la vie contemporaine. Cette esthétique “pauvre” symbolise la réalité matérielle de notre époque et la rapidité de la consommation, tout en transmettant une chaleur émotionnelle à travers ses créations, abordant les aspects humains avec empathie et sensibilité.

Pour cette exposition l’artiste s’est intéressée au cas d’une ferme flottante située dans le port de Rotterdam dans laquelle des dizaines de vaches sont élevées. Première ferme d’exploitation de lait de vache flottante, il s’agit d’une structure faite pour s’amarrer dans les ports des villes, produire du lait directement sur place, éviter les circuits longs et apporter une réponse viable aux manques de terres dans certains territoires. Véritable actualisation du récit de l’Arche de Noé, cette ferme est autosuffisante et se propose comme modèle reproductible à grande échelle pour le futur de l’agriculture. Pour l’exposition The Simple Life, la synagogue devient à la fois le réceptacle et le double de cette ferme, rappelant le passé de la communauté juive de Delme (qui dut un temps exploiter du bétail, la propriété terrienne leur étant interdite) mais aussi la forme architecturale du bâtiment rappelant celle de la ferme flottante, avec son air de cube transparent. On y trouve des photographies de l’intérieur de la ferme flottante, documentant le quotidien des vaches et l’extraction du lait. Les images sont contrecollées sur des planches de bois comme celles des meubles Ikea ®. L’artiste y présente également des boîtes de polycarbonate transparentes, copiées sur celles utilisées dans les zoos pour nourrir les singes qui, dans le contexte de l’art, s’apparentent à des sculptures minimales étrangement vides. Elles évoquent à la fois la transparence des immeubles des quartiers d’affaires et l’atmosphère inquiétante d’une expérience comportementale à venir. Au sein de cette exposition, l’artiste questionne ces modèles d’agriculture hors-sol pour le futur, dans leur dimension utopique frisant l’absurde (animaux coupés de la terre et de la nature, vision utopique d’un modèle difficilement adaptable aux quantités de population des villes modernes, Arche de Noé contemporaine ou nouvelle manne financière) avec la distance nécessaire que lui permet l’humour d’une artiste suisse photographiant des vaches à lait.