Louis Soutter (1871-1942)
Si le soleil me revenait
Dessins et peintures au doigt.
Violoniste virtuose qui s'arrêtait de jouer en plein concert pour écouter l'orchestre, clochard et dandy aux goûts somptuaires, interné dès l'âge de cinquante-deux ans dans un asile pour vieillards et nécessiteux, artiste hors normes voué très tard au dessin et à la peinture, Louis Soutter a préféré aux chemins battus des sentiers obsurs et hasardeux.
Mais au-delà d'une biographie insolite et édifiante, ce sont ces œuvres qui rendent cet homme atypique exceptionnel et le situent dans le voisinage d'Antonin Artaud ou d'Henri Michaux. Durant quatorze ans, dès 1923, Soutter réalise plusieurs milliers des dessins au crayon et à l'encre, avant de se tourner vers une manière de peindre inouïe. Loin des métropoles des avant-gardes, dans un hospice du Jura vaudois, il ré-invente en effet, à partir de 1937, une technique primitive, oubliée: engageant son corps dans la peinture, il se met à peindre avec ses doigts des compositions d'une émouvante puissance. Ce sont elles qui lui valent de compter parmi les grands créateurs de la première moitié de ce siècle. Plusieurs artistes et écrivains marquants tels Jean Giorno, Jean Dubuffet, Hermann Hesse, Jean Starobinski et beaucoup d'autres l'ont vite compris.
Avant eux, avec une passion et un intérêt sans pareils, Le Corbusier s'emploie à faire connaître les travaux de son lointain cousin. L'architecte est à l'origine de la première exposition personnelle de Soutter, aux États-Unis, en 1936, et lui accorde, la même année, un texte splendide pour la revue Minotaure. Exposé régulièrement et très apprécié en Allemagne, présent dans de grandes collections américaines, l'artiste suisse reste injustement méconnu en France. Cette rétrospéctive, la première à Paris depuis plus de vingt ans, a pour projet de vous faire découvrir l'importance et l'originalité de Louis Soutter.
À l'occasion de cet événement, le Centre culturel suisse et les éditions Adam Biro consacrent à Soutter un livre de 128 pages, conçu par Christian Longchamp, commissaire de l'exposition. Des textes d'Hervé Gauville, critique d'art, de théâtre et de cinéma pour Libération et Art Press, et de Valère Novarina, écrivain, dramaturge et peintre, apportent des éclairages nouveaux sur cette figure singulière de l'art du XXe siècle.
(Retrouvez plus d'informations dans la brochure ci-dessous.)