L'élève-roi ?
Autour de la place de l’élève dans le sytème éducatif en France et en Suisse
Cette après-midi et cette soirée auront pour thème la place de l’enfant dans l’école. Le public pourra rencontrer six enseignants-chercheurs provenant d’universités de France et de Suisse, qui ont étudié cette question sous des angles variés et à travers des disciplines différentes. L’histoire, la philosophie et la sociologie seront plus particulièrement sollicitées pour tenter de mieux cerner la place faite à l’élève dans nos systèmes éducatifs, et ce qui la fonde. Chaque exposé durera une demi-heure et sera suivi d’un débat d’une dizaine de minutes. Manifestation organisée par Charles Magnin.
Henri Peyronie portera un regard historique sur l’aventure du mouvement Freinet, qui constitue sans doute, dans nos représentations communes, l’un des principaux prototypes d’un nouveau discours et de nouvelles pratiques pédagogiques concernant la place et le rôle de l’enfant dans l’acquisition de ses connaissances et dans son développement personnel. Il montrera pourtant qu’on est très loin chez Freinet de l’enfant-roi.
Charles Magnin rappellera les buts que le psychologue genevois Edouard Claparède assignait à l’Institut des sciences de l’éducation qu’il fonde à Genève en 1912 en le plaçant sous l’égide de Rousseau et de la devise « Que le maître apprenne de l’élève ». Dans les écoles de Suisse romande du 20e siècle, qu’est-il advenu de cette injonction ?
Fritz Osterwalder évoquera la figure de Han Corray, l’impresario du dadaïsme zurichois à la fin de la Première Guerre mondiale. Avant sa carrière d’artiste, il dirigeait une école privée qui depuis longtemps se profilait comme école expérimentale. Y a-t-il en l’occurrence un lien entre avant-garde artistique et avant-garde pédagogique; entre enfant-roi et artiste d’avant-garde ?
Michel Fabre se demandera si, dans la loi d’orientation pour l’École française de 1989 qui place l’élève au centre du système éducatif, il ne s’agit là que d’une question de mots, donnant lieu chez les différents acteurs de l’éducation nationale à un discours “pédagogiquement correct” sans grands effets sur les pratiques ? Ou s’il est vraiment question, au contraire, d’une reconnaissance des idées de l’école active? Dans ce cas, quels sont les facteurs – sociologiques, idéologiques, pédagogiques ou didactiques –– qui pourraient rendre compte d’une telle évolution ?
Cléopâtre Montandon nous emmènera auprès des élèves d’aujourd’hui. Dans les représentations occidentales modernes, l’enfant est reconnu comme une personne à part entière qui doit participer activement à ses apprentissages de toutes sortes. A l’exception de quelques écrivains et spécialistes, les adultes ne prêtent cependant que peu d’attention au point de vue des enfants, à leur manière de percevoir et d’analyser l’éducation qui leur est proposée et la place qui leur est attribuée dans les institutions éducatives. Pourtant, ce qu’ils vivent à cet égard et ce qu’ils en disent est très éclairant.
Dans la table ronde prévue pour conclure la rencontre, Daniel Hameline tentera de nouer la gerbe de ce qui aura été mis en exergue par les différents conférenciers. Ce Breton qui a enseigné à Paris puis à Genève, qui est philosophe mais également historien, qui connaît excellemment le développement des idées pédagogiques, notamment en France et en Suisse romande, nous renverra une image synthétique et distanciée de ce qui aura été dit l’après-midi, avant de dégager quelques thèmes de discussion qui permettront au public et aux intervenants de prolonger des échanges qu’on espère fructueux et joyeusement instructifs.
La rencontre sera rythmée par deux séquences durant lesquelles la comédienne Nathalie Jeannet donnera lecture de quelques extraits d’ouvrages anciens ou modernes choisis comme autant d’échos stimulants aux propos tenus par les conférenciers.